Peintre, sculpteur et graveur, Jean-Paul Meiser déploie sans relâche une œuvre insolite depuis ses débuts encouragés par Pierre Buraglio. Sa production ne cesse au fil des ans de surprendre et captiver. Hors du temps, hors académisme, hors mode, cette création perdure dans une obstination labyrinthique quasi borgésienne, en reflets et ondes de choc. Cette création, habitée par la constance et la fulgurance, frappe par son approche éclatée des rythmes picturaux et un instinct aigu des combinatoires formelles. L’artiste porte une attention extrême aux supports pluriels qui donnent à ses travaux cette « vie immédiate » chère à Paul Eluard. Et un air d’éternité aussi, de par la dimension spirituelle de compositions qui révèlent des fragments d’inconscient. Ce qui n’empêche nullement l’ancrage actuel comme dans le récent et tragique « Sort du Mouton ». L’artiste aime à dire « peindre pour déprendre, accrocher pour en dépendre ». Ses aphorismes énigmatiques contiennent une énergie subtile qui fait « carburer » ce travail à haut rendement. Tout est saisi dans un maelstrom créatif, récréatif et festif avec une foule de scénarios possibles. C’est en tout cas plein d’esprit(s), dans un rendu résolument visionnaire et stimulant. Avec finesse, profondeur, humour, l’artiste crée entre équilibre et vertige. Explorateur infatigable, Jean-Paul Meiser édifie ainsi une œuvre singulièrement polyphonique. D’une véritable et vibrante étrangeté.

Antoine Campo, metteur en scène, écrivain, 2013